Gustave Courbet en Saintonge
En mai 1862, sous l’impulsion du critique Jules Castagnary, le mécène Étienne Baudry reçoit Gustave Courbet dans son château de Rochemont pour un séjour d’une semaine. Le peintre fait connaissance avec le petit groupe de républicains qui gravite autour de son hôte, se lie d’amitié avec les peintres Auguin et Pradelles et découvre la douceur et le charme de la Saintonge. Très vite, il se met au travail et ne songe plus à partir, explorant tous les genres de la peinture, nus, portraits, compositions florales, natures mortes, animaux, scènes satiriques, marines et paysages.
En août, Corot passe une dizaine de jours à Rochemont ; ensemble, ils pratiquent la peinture de plein air sur divers sites autour de Saintes, Corot stimule la production paysagiste de Courbet et créé une émulation. Dans leur démarche picturale, les deux grands maîtres s’opposent et sont en même temps complémentaires. Corot recherche l’unité et la beauté, tente de capter la légèreté et la lumière, Courbet privilégie l’expression, la sensation brute, il veut reproduire la matière, intercepter l’énergie, la force des éléments.
À la fin de l’été, le maître s’installe au hameau de Port Berteau dans la commune de Bussac où il retrouve Auguin et Pradelles. Avec eux, il travaille sur le motif et multiplie les études le long des rives ombragées de la Charente, complètement en phase avec une nature où s’associent la lumière du ciel miroitant sur l’eau des rivières et des sources et l’ombre des frondaisons ; il se laisse aller à la douceur des lieux et l’exprime dans certains tableaux comme La Charente au Port Berteau, Sous les arbres à Port-Berteau, enfants dansant, Grands chênes, bords de l’eau.
Cependant, dans les sous-bois du château de Bussac, il retrouve une expression plus brute avec Sous bois à Port-Berteau qui est une vision frontale, une sorte d’osmose avec la nature.
Le 15 janvier 1863, une exposition réunissant des travaux de Courbet, Auguin, Pradelles et Corot est inaugurée à l’Hôtel de ville de Saintes. Elle accueille également quelques toiles de Fantin-Latour, Français, Bourgeois et le sculpteur Arnold.
L’originalité de cette exposition qui comporte plus de 200 œuvres vient de son caractère expérimental.
Voulu au départ par Étienne Baudry et ses amis pour honorer Courbet et le faire connaître aux Saintais, le projet prend de l’ampleur. Au final, Courbet expose avec ses complices pour montrer non pas quelques œuvres achevées, mais une grande partie de leur production saintongeaise avec les différentes étapes de la création : pochades, esquisses, études, tableaux en cours d’achèvement et non vernis, puis achevés. Ils offrent ainsi aux Saintais, la visite d’un atelier collectif transposé à l’Hôtel de ville, un espace didactique où le visiteur est invité à partager les secrets de la création, observer la spontanéité et la fraîcheur qui se dégagent d’une esquisse, à faire la comparaison avec une œuvre achevée et à entrer dans le processus créatif.
A l’occasion du bicentenaire de la naissance de Gustave Courbet, le musée de l’Echevinage de Saintes propose une exposition « Courbet, une histoire intime ».
De nombreux articles (1, 2) lui ont été consacrés dans la presse régionale et dans les magazines (1, 2, 3).
Sources
Autour de Courbet en Saintonge Gaby Scaon et Roger Soubiran, catalogue d’exposition, Saintes, 2007
Gustave Courbet en Saintonge Roger Bonniot